Pourquoi la stabilité secondaire est essentielle à la réussite d’un implant
5 avr 2018 / par Osstell
La stabilité primaire et secondaire est un thème très souvent abordé. Laquelle des deux est prioritaire pour la réussite d’un traitement implantaire ? Pour préciser les choses, nous avons rencontré le Dr Stephen Jacobs après la conférence qu'il a donnée à l’Assemblée annuelle de l’AO (Academy of Osseointegration) sur la stabilité primaire et secondaire de l’implant.
Comment expliqueriez-vous la différence entre stabilité primaire et stabilité secondaire ?
Dr Stephen Jacobs : La stabilité primaire désigne la stabilité mécanique, la résistance initiale aux micro-mouvements et à la micro-mobilité d’un implant dentaire lors de l’insertion. Il existe plusieurs méthodes de mesure : évaluation subjective, couple d’insertion, analyse de la fréquence de résonance ou Periotest.
La stabilité secondaire désigne en revanche la stabilité biologique, ou ostéo-intégration. C’est elle qui détermine, en dernier lieu, la capacité de la restauration implanto-portée à supporter les forces fonctionnelles et à jouer un rôle pleinement fonctionnel dans la dentition d’un patient.
Vous avez démontré que la stabilité primaire de l'implant n’est pas un paramètre clé et que seule la stabilité secondaire est capitale pour la réussite de l'implant. Pourquoi ?
Dr Stephen Jacobs : La stabilité primaire, ou initiale, est importante car il faut éviter que les implants soient mobiles dans le site d’ostéotomie. Un certain degré de micro-mouvement est inévitable mais la question est de savoir comment le mesurer.
La plupart des praticiens utilisent de façon interchangeable les notions de stabilité primaire et de couple d’insertion maximal. Pourtant, le couple d’insertion ne mesure qu’un seul paramètre, à savoir la résistance à la rotation. Pour simplifier à l’extrême, on ne met pas en charge un implant pour qu’il tourne. Alors, je me demande d’où vient cette fixation (excusez le jeu de mots) sur le couple d’insertion.
Plus important encore, on lit fréquemment que, pour augmenter artificiellement ce couple, il faudrait pratiquer une plus petite ostéotomie ou recourir à des techniques de compression osseuse. Or on dispose de plusieurs exemples dans la littérature qui prouvent que ces pratiques sont préjudiciables à la cicatrisation, risquent d’endommager l’os et de retarder le processus d’ostéo-intégration.
Il faudrait se concentrer sur la stabilité secondaire et l’obtenir le plus vite possible, en préservant en même temps la viabilité et la stabilité de l’os péri-implantaire, pour assurer la réussite clinique de l'implant à long terme.
En quoi la stabilité secondaire améliore-t-elle le résultat du traitement ?
Dr Stephen Jacobs : La stabilité secondaire c’est l’ostéo-intégration, et c’est assurément notre objectif ultime. Idéalement, le but est d’obtenir une stabilité secondaire suffisante le plus rapidement possible pour restaurer chez nos patients une fonction normale avec leurs restaurations des couronnes implanto-portées.
Je suis convaincu que le maintien de l’os marginal péri-implantaire est l’un des facteurs clés de prévention des complications biologiques futures. Par conséquent, si l'on arrive à obtenir une stabilité secondaire en minimisant les lésions osseuses au niveau cellulaire, les conditions d’une réussite prévisible durable sont presque entièrement remplies.
Comment la mesure de la stabilité secondaire peut-elle aider les praticiens à répondre à la demande des patients qui veulent des temps de traitement plus courts ?
Dr Stephen Jacobs : On sait désormais que la fréquence de résonance, avec la valeur ISQ mesurée, permet aux praticiens de suivre l’évolution des implants. La première phase de l’ostéo-intégration est un processus dynamique durant lequel de nombreuses évolutions se succèdent. La RFA nous permet de mesurer ces évolutions.
Bien sûr, nous mesurons aussi le couple d’insertion car c’est l’un des paramètres que nous prenons en compte lors de l’insertion chirurgicale d'un implant, mais c’est une mesure ponctuelle, qui ne peut pas être répétée. Une mesure de l’ISQ enregistre la stabilité latérale ou la résistance aux micro-mouvements et à la micro-mobilité, ce qui représente bien entendu la direction des forces appliquées à nos restaurations implantaires en fonction.
Nous pouvons donc évaluer, en nous appuyant sur une mesure objective, si un implant répond aux conditions d’une mise en charge immédiate ou précoce.
Merci infiniment de nous avoir accordé cet entretien Dr Jacobs !
À propos du Dr Stephen Jacobs, BDS. Il exerce à Glasgow (UK), est passionné par les implants dentaires et c’est un praticien leader dans le domaine de l'implantologie. Il donne des conférences dans toute l’Europe sur tous les aspects liés aux implants dentaires. Il a publié de nombreux articles et fait partie du comité de rédaction de deux revues. Stephen Jacobs a été Président de l’Association of Dental Implantology (UK). Il a été désigné « Fellow » de l’Academy of Osseointegration (AO).
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